of Celtic Oak

of Celtic Oak Staffordshire Bull Terrier

Staffordshire Bull Terrier

Le mental de nos compagnons


 Le mental de nos compagnons




Extrait du magazine "Chien courant" Avril 2009
Le mental de nos compagnons
Un élément primordial !

La sélection des sujets mis à la reproduction passe généralement chez le chasseur aux chiens courants par la validation des caractères physiques que nous résumerons par le terme de "phénotype" et des qualités de chasse des sujets qui l'intéressent. 
Malgré de grands progrès en la matière depuis une dizaine d'années, trop peu d'éleveurs s'intéressent cependant au "profil psychologique" des géniteurs qu'ils choisissent.
Des chiens équilibrés faciliteront bien entendu l'élevage. 
Les qualités mentales de nos chiens de chasse sont en effet prépondérantes à bien des égards. Elever des chiens "sur l'oeil" est un vrai calvaire au quotidien, les faire chasser peut devenir épique, les récupérer après la chasse quasiment impossible. Combien de fois avons-nous tenté en vain de reprendre un chien égaré qui ne se laissera finalement amadouer que par son propre maître ou au prix d'innombrables ruses ?
Bannir les chiens peureux ou craintifs constituera la base de la sélection sur le mental. Il faut souligner à cet égard l'effort réel fait par de nombreux clubs de races qui ont, petit à petit, éliminé les lignées incriminées. 
Il faudra avant tout cerner les lignées dont l'élevage est facile : des chiens équilibrés ne seront jamais agressifs, ce qui évitera de nombreuses visites chez le vétérinaire et facilitera la tâche du propriétaire au quotidien.
Finies les séparations au chenil, la corvée de gamelle où l'on perd un temps fou à surveiller que chacun mange à sa faim et à empêcher les bagarres.
Le comportement est également discriminant dans la capacité reproductrice d'une lignée. Les races de chiens courants ne sont généralement pas difficiles à faire reproduire mais on trouvera tout de même des différences sensibles d'une lignée à l'autre dès lors que l'on parle des qualités maternelles des lices. Certaines lignées produisent en effet de "bonnes mères" qui mènent leurs portées nombreuses sans problèmes jusqu'au sevrage.
A ce stade et pour être plus complet, il convient de signaler qu'à l'effet "génétique" il faut ajouter un effet "milieu" qui conditionne une part du comportement des animaux. Il s'agit essentiellement des conditions d'élevage et du savoir faire de l'éleveur. En d'autres termes, chacun élève à sa manière et le développement de nos chiens est fortement conditionné par nos pratiques. Entrent en jeu toutes les problématiques de conformité des bâtiments, d'alimentation, de rapport maître/chien ... mais ceci est un autre chapitre. 
A la chasse, la différence se fait sur le mental
La volonté est un marqueur prépondérant. La journée d'un chien courant est longue et les épreuves sont rudes.
Au rapprocher, dès lors que la voie est difficile, nos compagnons devront faire preuve d'une grande ténacité pour aboutir et e pas se démobiliser. Certains chiens travailleront plus que d'autres, la plupart finissant par décrocher ou relever la tête dans des postures caractéristiques pour voir ce que font "les voisins" ou passer à une autre quête dès lors que la première n'aboutit pas dans l'heure de chasse. C'est particulièrement vrai pour les meutes à lièvre et les jours "sans". 
Rien de pire alors que les chiens qui volent d'indications en indications à tel point qu'il devient impossible de trouver un défilé logique.
Dans la menée et toujours en cas de mauvaise voie, seuls les plus calmes et les mieux ajustés parviendront à suivre le fil d'ariane laissé au sol par l'animal de chasse.
Sur les défauts au contraire, c'est l'esprit d'initiative qui prime. L'intelligence, voire la malice de certains sujets feront la différence.
Eliminer sans regret les chiens qui reculent systématiquement pour se rassurer et empaumer des voies déjà chassées, privilégier les chiens requérants, qui font leurs avants seuls et bouclent sous le vent d'instinct sera un gage de réussite.
De tels chiens raccourcissent les défauts, ils les gomment et permettent à la meute de rester soudée au train de l'animal qu'elle poursuit... mais que de regrets quand ils disparaissent ! 
Nos chiens de chasse doivent également être imperturbables et parfois faire preuve de sang froid.
Nous avons tous vécu des chasses où les galères s'enchaînent et où l'animal prend un malin plaisir à empiler les difficultés : passage dans les jardins et les propriétés, traversée de troupeaux, de routes, de constructions, passage à proximité d'un chenil...
Dans ces conditions, si les chiens qui constituent la meute se laissent distraire ou prennent peur, la chasse est souvent terminée. 
La créance s'obtiendra facilement chez les sujets équilibrés qui comprendront l'interdiction et "imprimeront" à jamais la voie qui leur est prohibée. Dans ce domaine, il sera presque impossible d'éduquer les chiens jaloux qui n'hésiteront pas un instant à mettre la meute à la faute ou à empaumer une mauvaise voie derrière le(s) fautif(s).
Les chiens courageux tireront quant à eux particulièrement leur épingle du jeu face aux animaux dangereux comme les sangliers ou les cerfs. Sans pour autant être agressifs, auquel cas ils seront voués le plus souvent à une courte vie, ils devront cependant faire preuve d'une grande sûreté pour maintenir leur animal aux abois et permettre l'arrivée du piqueur. 

Savoir conserver ou éliminer

Comme dans toute chose, l'objectivité reste le seul refuge pour l'éleveur qui souhaite faire progresser le profil psychologique de sa meute. Par expérience, je peux témoigner du changement radical qui s'opère quand on élimine un sujet perturbant.
Il ne s'agit pas forcément d'un mauvais chien et ses qualités sont souvent importantes mais il n'est pas à sa place et provoque un comportement collectif qui n'est pas désirable, soit en élevage, soit à la chasse. Ce chien trouvera certainement son équilibre dans de petites meutes ou chez des utilisateurs ne souhaitant qu'un chien et où il pourra pleinement s'exprimer. 
Les facettes psychologiques de nos chiens de chasse sont donc nombreuses et il convient d'adapter la sélection au type de chasse que nous pratiquons. Le socle commun sera la recherche d'individus équilibrés sur lesquels nous pourront apporter des courants de sang et des qualités spécifiques. 

Thomas Corvasce